La tenture de l'Apocalypse

Publié le par Betty

Angers : la tenture de l'Apocalypse

 

Conservée dans le château d’Angers, la Tapisserie de l’Apocalypse est un ouvrage unique et formidablement conservé. 

Une galerie spécialement aménagée permet d’exposer les 104 mètres (133 à l’origine) de tapisserie. 


Fabriquée entre 1373 et 1383 à Paris, promenée jusqu’à Arles en 1400, exposée dans la Cathédrale d’Angers, elle est oubliée fin XVIIIème. Restaurée fin XIXème, La Tapisserie de l’Apocalypse, remise en valeur, témoigne de l’exceptionnelle habileté des artisans lissiers et du génie du peintre de Charles V, Hennequin de Bruges, qui en a conçu la dramaturgie. 


C’est une vision originale et inédite pour l’époque qui nous est proposée de la Révélation de Saint Jean, quand le sacré, le divin, le démoniaque et la sorcellerie alimentaient les croyances populaires. 

La pénombre régnant dans la galerie, vous saurez apprécier toute la symbolique et tout le mystère que dégage cette œuvre. L’Apocalypse de Saint Jean ayant donné lieu à beaucoup d’interprétations au fil de l’Histoire, peut-être aurez vous la vôtre en quittant les lieux …

 L'Apocalypse est un texte de Saint Jean l'Évangéliste qui vient ponctuer le Nouveau Testament. Il se distingue des Evangiles et des Actes des apôtres par un symbolisme beaucoup plus poussé.
Saint Jean relate ici des révélations qui lui auraient été faites après la mort du Christ. Le texte de l'Apocalypse comprend deux parties.
La première, assez brève, est une sorte d'introduction intitulée "Lettres aux Eglises d'Asie". Cette partie n'est pas la plus intéressante et n'a pas été très exploitée sur le plan artistique.
La seconde partie est intitulée "Visions prophétiques". C'est elle qui nous intéresse.

On peut la résumer de la façon suivante :

 
Les sept Eglises d'Asie

La première scène est la remise à l'Agneau des destinées du monde. Saint Jean décrit 24 vieillards couronnés (certains avec des instruments de musique), tous en robe blanche. Ils sont accompagnés des quatre Vivants, c'est-à-dire des quatre évangélistes sous leur forme symbolique (tétramorphe).
 
Christ en majesté avec les 24 vieillards et les 4 vivants

 

Un livre scellé par sept sceaux, que personne n'a été digne d'ouvrir, est présenté et est remis à l'Agneau égorgé.

Ange appelant celui qui sera digne d'ouvrir le livre (gauche) et agneau (droite)

L'Agneau brise ensuite les sept sceaux : le premier sceau libère la justice divine (un homme couronné sur un cheval blanc). Les trois suivants libèrent l'épée, la faim et la peste.

 
 Premier sceau, la justice divine

 

Le cinquième sceau fait surgir les martyrs qui veulent être accueillis au Ciel. Le sixième sceau libère la Colère de Dieu. Avant que le septième sceau soit brisé, on assiste au marquage des serviteurs de Dieu ( les 12 tribus d'Israël sont marquées d'un signe pour être épargnées) et au triomphe des élus du Ciel (les martyrs). Lorsque le septième sceau est rompu, sept anges apparaissent avec sept trompettes.
Les sept trompettes
 
Lorsque la première trompette retentit, un déluge de grêle et de feu détruit un tiers de la terre. A la deuxième trompette, le tiers des êtres vivant dans la mer sont détruits. A la troisième, un astre tombe du ciel, éliminant un tiers des eaux de source. A la quatrième sont détruits un tiers du soleil, de la lune et des étoiles. A la cinquième, des nuées de sauterelles, mauvaises comme des scorpions, s'abattent sur les hommes et les torturent pendant cinq mois.
 
Deuxième trompette
 
 
A la sixième, un tiers des hommes sont exterminés. L'imminence du châtiment final est annoncé par un ange, sans que les hommes changent leur attitude. A la septième trompette, les éléments se déchaînent.
Saint Jean a alors la vision d'une femme en train d'accoucher d'un enfant mâle et d'un dragon prêt à dévorer le nouveau-né.

Musée du Louvre, pièce provenant de
l'église Saint Rieul de Senlis, deuxième moitié du XIIe,

,

Saint Michel et ses anges jettent le dragon sur la terre. Ayant poursuivi inutilement la femme, le dragon transmet son pouvoir à la Bête (bêtes de la terre et de la mer). Servie par un faux prophète, la Bête règne en maître et marque de son chiffre (666) tous ceux qui se soumettent à elle.

Saint Michel et ses anges combattant le dragon


L'Agneau apparaît alors avec ses compagnons pour annoncer le Jugement dernier. Des anges moissonnent la terre avec des faux. Puis surviennent sept anges avec sept fléaux contenus dans sept coupes. Les sept fléaux se répandent les uns après les autres : d'abord un ulcère "mauvais et pernicieux" ; le sang des martyrs qui tue tout être vivant dans la mer ; le sang des martyrs qui tue tout être vivant dans les fleuves ; la chaleur du feu qui étouffe la terre et les hommes ; la destruction du trône de la Bête ; le tarissement de l'Euphrate ; le rassemblement de la Bête, du faux prophète et du dragon dans un lieu appelé Harmagedôn ; et enfin le déchaînement total des éléments et de la Colère de Dieu.

Anges aux sept fleaux


Saint Jean présente ensuite la chute de Babylone. Il décrit d'abord une prostituée qui se repaît du sang des martyrs et corrompt tous ceux qui l'approchent. La chute de Babylone est d'abord solennellement annoncée avant de devenir effective. Dieu triomphe.

Chute de Babylone
Saint Jean voit alors l'extermination des nations païennes. Le Vrai, armé d'une épée, apparaît sur un cheval blanc. Il remporte le premier combat eschatologique au terme duquel intervient un premier jugement et une première résurrection pour 1000 ans. Pendant 1000 ans, le dragon reste enchaîné. Au terme de ce délai, Satan est relâché et séduit les nations avant d'ête définitivement jeté dans un étang de soufre où il est supplicié pour les siècles et les siècles. C'est alors qu'intervient le Jugement dernier où chacun est jugé selon ses oeuvres.
Premier combat eschatologique
Pour finir, Saint Jean décrit la Jérusalem future, céleste, avec ses douze portes ouvertes aux douze tribus d'Israël, son luxe d'or, de jaspe et de pierres précieuses. Cette nouvelle Jérusalem est présenté comme l'Epouse du Christ. Il est répété que le Christ est l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin.
 

La Jérusalem céleste

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