Sapho chante Ferré

Publié le par Betty

Sapho chante Ferré
Jeudi 18 octobre 2007
Théâtre Edwige Feuillère

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La chanteuse Sapho revisite avec maestria le répertoire de Léo Ferré en concert. Accompagnée d’une guitare flamenca et de percussions, elle donne corps avec profondeur et humour aux textes et mises en musique de l’intemporel Léo.


 Sur scène, Vicente Almaraz, guitariste flamenco, prend place. Sapho surgit de l’ombre. Elle chante les mises en musique de Léo Ferré des poèmes d’Aragon, de Verlaine, Rimbaud ou Baudelaire. Poésie humaniste...
 
Pour Sapho, chanteuse rock, diva orientale, écrivain et poète, chanter Ferré, c’est d’abord une réjouissance. "Léo Ferré m’a émue à l’adolescence. Aujourd’hui, je le lis avec maturité, mais disons que j’ai gardé cet élan naïf, cette sincérité dans mon rapport au texte. Et puis Léo Ferré était un homme intègre, qui avait une véritable posture humaniste, une éthique, c’était un homme qui disait non, C’est plutôt d’actualité quand la tendance générale est au cynisme mou."

Les poèmes, forts, profonds, étonnemment actuels et -donc- politiques, interrogent la guerre et ses absurdités (Est-ce ainsi que les hommes vivent ?) ou la différence (L’Etranger de Baudelaire et L’Etrangère d’Aragon). Pour Sapho, militante pour la paix sur les scènes des quatre coins du monde, "nous sommes dans un monde de guerres éclatées, l’état de guerre est là, horrible et insultant pour l’humanité, nous sommes otages de choses absurdes ... ". Ferré avait mis la poésie à la portée de toute une génération, Sapho et Vicente Alamraz revisitent par leur fine adaptation cette  profondeur du verbe et des notes.

Mais après cette ouverture autour de Ferré et les poètes quasi dramaturgiques, on prend la route du Sud. "Ferré a beaucoup écrit de textes sur l’Espagne. Quand j’ai réflechi au spectacle, je ne voulais pas juste chanter Ferré, mais rajouter une couleur musicale, et le flamenco s’est imposé à moi très naturellement". Qu’à cela ne tienne, ce sera donc en terre d’Espagne que s’écriront les adaptations musicales. Couleur flamenco
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A partir de l’improvisation de guitare de Vicente Almarraz, qui fait figure d’interlude entre les deux parties du spectacle, on bascule côté gitan. Les arrangements et le sublime jeu de Vicente Almaraz incarnent l’esprit d’un Ferré andalou. Sapho, généreuse, emplit de son chant la salle. Voix, guitare flamenca, percussions, le tout est pourtant dépouillé : "je voulais quelque chose de nu, insiste Sapho, qu’on entende correctement la puissance de l’ensemble". Et la légère profondeur du légendaire duo Jean-Roger Caussimon-Léo Ferré avec des titres pleins de gouaille comme le Flamenco de Paris, l’Espoir ou le Bateau Espagnol. "Léo Ferré est un latin qui jette son chant, sans avoir peur. Il n’a jamais eu peur de se risquer, il n’a jamais fait deux fois la même chose".    
 
On réalise qu’au-delà de la poésie ou de l’engagement c’est aussi cette volonté d’innover qui rapproche aussi Sapho de Léo, elle qui a tenté à peu près tout, et qui n’a pas fini d’essayer. "Oui, souligne-t-elle, d’ailleurs l’histoire du spectacle c’est aussi un peu l’histoire d’un défi, d’un coup de tête. J’avais plusieurs projets dont celui-là mais sans penser du tout que ce serait le premier à se réaliser. J’en parle à une copine, qui me met au défi de le réaliser. Je m’y suis mise, en pensant qu’on ferait une ou deux dates, et puis en fait, tout le monde prend du plaisir. C’est un vrai moment de luxe, un cadeau qu’on se fait". Une jouissance très lisible entre les musiciens, Sapho, et le public, qui circule dans la salle et donne au spectacle tant de cachet. 
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 Et puis viennent les grands classiques de Ferré, c’est Comme à Ostende, La Chambre ou Avec le temps, chanté en français, puis en arabe marocain. "C’est incroyable car je l’ai mieux chanté après la traduction en arabe. Pour bien incarner ce titre, j’ai dû passer par le chemin andalou". Une promenade à travers la Méditerrannée, Paris et la poésie qui se déclinera en disque dans les mois à venir, mais aussi en tournée dans plusieurs villes de France et selon Sapho, dans plusieurs "endroits improblables" du monde. 

Répertoire :

Ferré et les poètes

Il n’aurait fallu (Aragon)
Je vous vois encore (Verlaine)
Est-ce ainsi que les hommes vivent (Aragon)
L’Etrangère (Aragon)
Chanson de la haute tour (Rimbaud )
L’Etranger (Baudelaire)
L’Affiche rouge (Aragon)

Ferré et l’Espagne
Intro solea flamenca
Le Flamenco de Paris
L’Espoir
Le Bateau espagnol

Les Grands classiques de Ferré
Le Temps du Tango
Monsieur Williams
La Chambre
Comme à Ostende
Avec le temps

Ce que la presse en a dit

Rare, intense, puissant et riche, audacieux et profond, ce spectacle est une authentique merveille. En dire plus serait en dire trop ! Ce chant-là interdit la glose et exige ce qu’il convoque miraculeusement : la présence." 
Catherine Robert, Théâtreonline

"Il faut de l’audace pour imaginer qu’un hommage à Ferré puisse se conjuguer aux rythmes flamenco. Mais de courage, Sapho n’en manque pas ; de talent non plus d‘ailleurs, accompagnée à la guitare par l’excellent Vicente Almaraz, elle s’empare de son sujet à bras le corps, se livrant entièrement, toujours à la limite. Tour à tour fragile et incandescente, elle fait de ce récital un moment précieux, empreint de grâce et de majesté." 
Antoine Malo, le Journal du Dimanche

"Il y a chez elle du chant, de la cantilation, du cante, une vaste générosité de la voix, un jaillissement d’expression qui remue, étourdit, dépayse les créations déjà anciennes de Ferré." 
Bernard Dicale, Le Figaro

"Elle explore une large palette de sensibilités et d’expressions pour dire ces paysages poétiques. Avec justesse, elle puise à la dramaturgie pour l’Affiche rouge et Est-ce ainsi que les hommes vivent ? (Aragon), devient légère et sautillante pour l’Etrangère (Aragon encore). Et termine par une version d’Avec le temps dans l’arabe marocain de son enfance. "Non pas la langue sacrée, mais la langue laïque, celle de la rue", précise-t-elle. Tout au long, les arrangements de l’inspiré Gitan Madrilène Vicente Almaraz élaborent une parure sobre, qui, chez Sapho, met en valeur la voix émouvante, troublante dans la nudité." 
Fara C., L’Humanité Hebdo

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Sa voix au timbre chaud et ambré, son phrasé subtil, reconnaissables entre mille, ont emmené chaque spectateur vers un voyage au long cours où l’on croise les fantômes de Baudelaire, Aragon, Rimbaud, Verlaine...
Femme aux multiples facettes, à l’engagement sincère, Sapho met le métissage à l’honneur et révèle tout un monde de couleurs, de parfums et d’exil. Un hymne au respect de l’autre, aux luttes contre les différences. Avec son Ferré flamenco, elle trouve à la fois son frère de combat en même temps que la juste mesure de son talent au service de la langue française. Aérienne, généreuse, charmeuse, Sapho envoûte et fait honneur au grand Ferré !

L'étrangère (Aragon)
L'affiche rouge (Aragon)
Est-ce ainsi que les hommes vivent ? (Aragon)

Publié dans Les artistes

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